Le ciel se rêve en nuages
Quand je regarde le ciel empli de nuages, pendant de longs moments, ce que je vois n’est pas une simple agrégation fortuite, un enchevêtrement de vapeurs obéissant aux lois aveugles des masses d’air et des gradients thermiques. J’aime à croire que le ciel se cherche des formes. Qu’il tâtonne, qu’il compose, qu’il efface et superpose, avec lenteur, avec rigueur. Il ne figure rien, il n’imite pas : il explore les nuances, les tensions, les densités. Il joue du contraste entre l’épaisseur opaque et l’éclaircie fugitive, entre l’éblouissement et le retrait. Le ciel s’anime, sans relâche, de cette énergie à l’œuvre pour le simple fait d’exister.
Alors je me surprends à penser que le ciel se rêve en nuages, comme la nuit, silencieusement, se rêve en voûte étoilée.